La communication communion

Communiquer en allemand se dit mitteilen, partager avec. Le mot communiquer en français vient du latin communicare qui signifie être en relation et initialement mettre en commun. Au Moyen Age le mot latin communicare s'était transformé en communier dans le sens de s'associer à, participer, et ce n'est qu'au XIV° siècle que le mot communiquer est apparu. En français et en anglais le mot à pris le sens, toujours actuel, de transmettre et n'a gardé le sens de partager qu'au figuré. Sans doute bien des problèmes de communication seraient-ils résolus si pour tout le monde communiquer signifiait communier, mettre en commun.

Quelle est la différence entre la communication communion et la communication transmission? Dans la communication communion, en plus de la transmission, l'émetteur écoute les signaux émis par le récepteur et modifie l'émission de ses signaux en fonction des signaux reçus.

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Quelles sont les conditions pour réaliser une communication communion? Il faut que la communication se fasse dans les deux sens, que tous les capteurs soient utilisés, que tous les signaux soient compris, que les signaux de l'un influence l'autre et vice versa. Cela est possible si les deux individus utilisent le même langage, ont les mêmes concepts et structures, ont les mêmes croyances, utilisent les mêmes règles et les mêmes lois. Si tel est le cas, la communication est purement affective et les signaux informationnels son nuls car ils ne sont pas nécessaires. L'émetteur communique au récepteur la valeur qu'il attribue à ses pensées du moment. Il n'y a pas de transmission d'information mais l'émetteur communique des signaux dont le contenu sémantique est immédiatement compris par le récepteur qui reconstruit l'idée sur base des mêmes concepts que ceux de l'émetteur. La valeur attribuée à cette idée par le récepteur sera la même que celle que l'émetteur attribue à son idée, et l'émotion ainsi créée déclenchera chez le récepteur l'action que l'émetteur aurait prise. Cette action du récepteur sera captée en retour par l'émetteur sous forme de percept auquel il attribuera une valeur, une émotion qui donnera une impression agréable. Ce type de communication existe entre deux amoureux, au sein d'une petite équipe où tout le monde se connaît et où il n'est pas nécessaire de demander l'avis de l'autre pour agir, puisque tout le monde est du même avis.

Comment arriver à ce type de communication?

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communication communion

Il faut d'abord qu'aucun des deux interlocuteurs ne joue un rôle. Il faut que l'émetteur désire communiquer un objet mental au récepteur, c'est à dire qu'il attribue une valeur à la compréhension du récepteur, ou encore, qu'il compare l'objet mental AA qu'il veut communiquer à l'objet mental AB qui représente la compréhension de B perçue par A. Appelons cette valeur désirée Vd.

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valeur désirée de la compréhension

Au départ la compréhension de B est nulle, et au cours de la communication la compréhension de B augmente. La compréhension de B perçue par A varie donc dans le temps, et la valeur que A attribue à cette compréhension varie aussi dans le temps. Appelons Vp la valeur attribuée à la compréhension à l'instant N.

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valeur perçue de la compréhension à l'instant N

En comparant la valeur désirée Vd à la valeur perçue à l'instant N, soit Vp, l'émetteur fait un jugement de valeur et il obtient un nouvel objet mental qui représente la différence de valeur entre Vd et Vp qu'il attribue au manque de compréhension de B à   l'instant N.

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jugement de valeur de la compréhension à l'instant N

L'émetteur sait que si cette différence est nulle, les objets mentaux AA et AB sont identiques, ce qui signifie pour lui que le récepteur a compris. L'émetteur dispose donc d'un objet mental différence nulle. La comparaison de l'objet mental différence de valeur Vd et Vp avec l'objet mental différence nulle crée un incident qui provoque une émotion.

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effet du jugement de valeur de la compréhension

Cette émotion va déclencher une action. En comparant par le jugement rationnel l'objet mental AA avec l'objet mental AB à l'instant N, l'émetteur crée un nouvel objet mental qu'il exprime en langage symbolique et communique ainsi au récepteur.

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action de l'émetteur

Le récepteur capte les signaux du langage symbolique sous forme de percept et les stocke en mémoire pour créer ou modifier l'objet mental BB.

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réception des signaux symboliques

Cet objet mental BB se modifie dans le temps, au fur et à mesure que de nouveaux signaux sont captés et forment de nouveaux percepts. Le nouvel objet mental BB est comparé à l'objet mental BB précédent. Puisque notre référence de temps est l'émetteur, nous dirons que le récepteur compare l'objet mental BB de l'instant N+1 à l'objet mental BB de l'instant N. Cette comparaison provoque un incident, une attribution de valeur, une émotion.

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effet de la réception des signaux sur le récepteur

Cette émotion provoque une réaction des activateurs du récepteur, qui va ainsi exprimer cette valeur par le langage non symbolique, par exemple une inclinaison de la tête pour exprimer un doute. Cette modification du comportement du récepteur est captée par l'émetteur sous forme de percept.

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action du récepteur

Ce percept va modifier l'objet mental AB qui est la compréhension de B perçue par A. La comparaison de l'objet mental AA, que l'émetteur désire communiquer au récepteur, avec le nouvel objet mental AB de l'instant N+1 provoque un incident qui crée une valeur Vp qui est la valeur attribuée à la compréhension de B perçue par A à l'instant N+1.

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compréhension de B perçue par A

Cette nouvelle valeur Vp comparée à la valeur Vd par un jugement de valeur déterminera la suite donnée à la communication.

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jugement de valeur à l'instant N+1

Si Vp = Vd, la différence est nulle et l'émetteur considère que AA = AB, et la communication peut s'arrêter. L'émetteur croit que le récepteur à compris, mais la compréhension réelle s'exprime par AA = BB. Comme ces deux objets mentaux appartiennent à des individus différents, il faut que tout le processus de communication se fasse également dans l'autre sens. B doit devenir émetteur et communiquer son objet mental BB à A en utilisant le jugement de valeur et le jugement rationnel.

Si la différence entre Vp et Vd ne diminue pas, le jugement de valeur a pour effet de provoquer toujours le même incident. L'émetteur s'adaptera par habitude et l'intensité de son action diminuera jusqu'à ce que la communication s'arrête.

Copyright 2001 by Stéphane Coël - L'intelligence émotionnelle et rationnelle dans l'action